le départ.... puis le retour

HDB prit les mains de Mentaig. Elle semblait vide, épuisée. Pour lui celà était pire que tout ce qui pourrait l'attendre sur les routes. Il répugnait à la laisser seule, aussi triste, mais il le fallait, il en avait fait le serment.

Ma douce, j'ignore de quoi demain sera fait, et je suis bien incapable de vous réconforter tant je sais que votre tristesse et votre colère sont grandes. Mais sachez que je ferais tout pour revenir ici le plus vite possible, je vous aime...

Mentaïg lut de la détresse dans le regard de HdB, plus encore que dans ses mots. Elle puisa dans son désir de le réconforter la volonté nécessaire pour refouler ses larmes, redresser les épaules, forcer les mots à franchir ses lèvres sèches.

Mon âme, je sais que vous vous devez au Berry, à notre Duc.

Elle s'interrompit et ajouta, la voix raffermie :

Nous nous devons... Notre loyauté ne sera pas prise en défaut. Je vous attendrai et remplirai de mon mieux les tâches que m'ont confiées Messire Hugo et Dame Ethel.

Elle se laissa aller contre la poitrine de Hdb, se serra contre lui.

Allez, maintenant, mon âme. Allez vite, tant que j'ai encore le courage de vous laisser partir.

HDB s'était endormit depuis longtemps et fut réveillé en sursaut par le "toc toc" poutant discret de Mentaig. La vigilance qu'il avait fallut garder à SA ne l'avait pas encore quitté et il ne dormait que d'un oeil.

Entrez!

Le ton était un peu sec, il ignorait l'heure et se demandait bien qui pouvait venir le voir.

HDB vit entrer Mentaig. Il sourit, confus de son ton involontairement trop dur.

Il est vrai qu'un lit serait d'un meilleur accueil. Bien allons nous coucher!

Ils franchissent la porte du bureau. HDB regarde à droite, à gauche, puis finalement:

HENRY, ou sont donc passées les chambres???

Depuis que HdB s'était retiré à Noirlac, Mentaïg n'était pas rentrée à Aupic.
Trop de choses requéraient son attention à Sancerre, à commencer par sa récente nomination au poste de Chancelière, juste une semaine auparavant. Elle avait dû faire de nombreuses allées et venues entre Sancerre et le Castel, pour réorganiser les services de l'Ambassade, et le reste de son temps était pris par cette malheureuse affaire d'effondrements de caves.
HdB ne tarderait plus, désormais. Il lui manquait terriblement. Elle ne parvenait pas à l'imaginer dans le cadre de l'abbaye, en contact quotidien avec les moines.
Et puis un concurrent s'était présenté à la candidature pour la Mairie, et les élections auraient lieu 5 jours plus tard.
Profitant d'un moment de répit, au sortir de la forêt où elle avait coupé 5 stères de bois, elle rendit à Henry une petite visite. L'intendant se précipita à sa rencontre.

Bonjour, Henry. Quelles nouvelles ?

Ma foi, Dame Mentaïg, je n'en ai guère. Monsieur le Baron ne m'a point encore averti de son retour.

Déçue, Mentaïg baissa la tête, observant sans le voir un insecte qui se frayait un chemin entre les pavés de la cour.

Bien... Je suppose que tout va bien, ici. Pas de visites ?

Si, Dame. Messire Hugoruth a déposé des documents importants sur le bureau de Monsieur le Baron. Et une Dame Maybee a demandé les clefs... Sinon, les travaux se poursuivent, comme vous pouvez le constater.

Il désignait d'un geste large les maçons qui s'affairaient à grand bruit dans tous les coins.

Madame prendra-t-elle une collation ? Dois-je appeler la chambrière pour qu'elle prépare vos appartements.

Mentaïg soupira.

Non, merci, Henry. Je dois repartir sur le champ pour le Castel des Ambassades. A très bientôt.

L'intendant s'inclina, et Mentaïg reprit la route, sous un ciel de juillet qui ne se décidait toujours pas à passer au bleu.